samedi 25 août 2007

Les viandes froides


L'industrie des décès est déjà pas mal payante et elle va le devenir encore plus au cours des prochaines décennies. Vous vous doutez pourquoi.

C'est quand même drôle de voir à quel point la mort peut suscite de la vie et donner du travail aux gens. Pourquoi je vous parle de ça aujourd'hui? Parce que j'en ai déjà souper d'entendre les reportages sur le décès de la toujours délicate et photogénique mairesse Boucher. Parce que dans le domaine journalistique, il y a un genre de département appelé "viandes froides" qui est spécialisé dans les articles et reportages posthumes de personnages importants.

Le problème c'est que c'est articles sont écrits avant la mort de ces dits personnages. Une fois rédigés, il ne manque que la date du décès à écrire. On dit qu'à Radio-Can, il y a des journalistes exclusivement affectés à ce beau travail. Ça doit être gai !

À voir comment c'est tapissé aujourd'hui dans les médias, et j'inclus le mien, c'est clair que Mme Boucher était une viande froide. Il va sans dire qu'à 70 ans, le risque qu'on ait à la mettre au micro-onde sans avertissement devenait plus grand chaque jour...Surtout avec la job stressante qu'elle faisait.

Je me demande à partir de quand on est assez big pour devenir du salami réfrigéré. Est-ce que le maire de ma belle ville, Jean Perrault, peut espérer en être? Surement. Est-ce que Patrice Brisebois pourrait servir de garniture à sandwichs ? Peut-être. Et Annie Brocoli elle? Penserais pas encore. Peut-être si son talk show de fefilles marche à l'automne. Remarque qu'en travaillant à Radio-Canada, elle ne serait pas trop loin pour donner de la matière aux journalistes croc-morts...

C'est incroyable aussi, de voir les témoignages des gens après la mort de quelqu'un. C'est drôle comme quand on meurt, on devient extraodinaire. Hier, pas grand monde osait décrier le fait que la mairesse s'est battue farouchement durant toute sa carrière contre le monde du sport, spécialement dans le dossier des Nordiques de Québec. Y'avait pas beaucoup de gens qui tenaient à rappeler le style vestimentaire douteux de la dame non plus.

Loin de moi l'idée de casser du sucre sur le dos de la jeune morte, mais avouez que l'hypocrisie est assez répandue en contexte de décès. J'me demande ce que le monde va dire quand je vais claquer...

11 commentaires:

Anonyme a dit...

La première fois que ça m'a frappé, c'est quand Gerry Boulet est mort...

Ce qui me purge le plus, c'est à quel point tu vends des disques quand tu meurs... tout le monde se crisse de ta musique quand t'es vivant mais si le disquaire a pu prévoir ton décès un peu avant, il va s'être stocké et faire des affaires d'or.

Disquaire-médium... c'est ça l'avenir.

Pascal a dit...

C'est malheureusement le cas de beaucoup de gens. Tu remarquera aussi comme les disques hommages pognent. C'en est désolant. Plutôt que d'acheter les vrais oeuvres, le monde aime mieux prendre la reprise ou l'hommage. Je capote à chaque fois que j'entends la câlisse de toune de Wilfred (Viens!)...

NPD Sherbrooke a dit...

Vous faites dûrs... sérieux !J'ai écrit un texte sur mon blogue qui reflète mes pensées sur le sujet. Je vous invite à aller le lire et à y inscire vos commentaires. Je tiens juste à dire que je ne suis pas vraiment en accord avec tes opinions sur ce sujet. La mairesse Boucher c'était un monument, elle était pas parfaite... Maurice Richard non plus à ce que je sache et ça a pas empêcher je sais pas combien de gens à aller faire la queue pour le voir embaumé. C'est important de rendre hommage aux gens qui meurt, on aura bien assez le temps de les critiquer par la suite. Dans l'espace monde, la mairesse Boucher n'était pas grand chose peut-être, mais étant originaire de Québec, je peux te dire que cette dame est un véritable icône de la politique municipale et qui a marqué la scène politique de la ville de Québec depuis plus de 20 ans. Elle mérite des hommages et elle mérite qu'on la respecte.

Pascal a dit...

@olivier: Je pense que tu as mal compris l'essence de mon propos Olivier. Y'a pas à redire sur le fait que la mairesse boucher est un personnage important au Québec. Ce que je dit, c'est que je trouve macabre le concept de viandre froide. Et que je trouve que c'est trop facile pour les médias de beurrer épais quand une personnalité meurt. Je trouve aussi qu'on pousse un peu fort sur les éloges. C'est tout...

OMO-ERECTUS a dit...

Pour ma petite part, je crois tout simplement qu'il y a une question de "timing" dans toute cette histoire.

Quand la mort frappe, au delà de la nouvelle, il y a le respect naturel qui est du au disparu. Pour sa mémoire, pour sa famille, pour ses amis.

Le jour où l'un de mes parents ne sera plus, j'espère que l'entourage aura d'autre choses à dire que de commenter avec moquerie la couleur des robes de ma mère ou celle des cravates de mon père.

Tout est question de "timing". Aujourd'hui, il est permi de rire du nez de Claude Ryan ou de la tignasse de René Lévesque. C'aurait été déplacé immédiatement après leur décès.

Sincèrement, viande froide, micro-ondes, salami réfrigéré, garniture à sandwich...

Seriez-vous cuisinier par hasard?

NPD Sherbrooke a dit...

Bien que je sois en accord avec le fait que les médias poussent un peu fort, pas seulement sur la mort et les éloges mais sur pas mal d'insignifiances en général, je trouve tout de même acceptable le fait de rendre hommage aux gens qui nous quittent. Pis le monde aime ça entendre parler des morts, je sais pas pourquoi, mais c'est de même. Que la plèbe journalistique et les cravateux dans les bureaux des stations de télé en fassent un moyen d'attirer des auditeurs, c'est sûr que c'est macabre, mais ça a toujours été de même à ce que je sache, seulement qu'aujourd'hui on est tellement bombardé d'information de partout que c'est encore pire. Je ne suis pas totalement en désaccord avec toi, mais je ne partage pas complètement ta critique sur ce phénomène.

Le Voyou du Bayou a dit...

Et Nirvana... Me semble que l'album Nervermind est devenu l'album le plus marquant de tous les temps seulement depuis que Kurt Cobain s'est suicidé.

Moi, je trouve qu'il n'y a pas grand chose de plus exagéré que le statut d'icône attribué à certains artistes qui se sont suicidé...

NPD Sherbrooke a dit...

@Le voyou du bayou...

Scuse moi, mais t'es un peu dans le champ parce que Nevermind a paru en 1991 et a été un grand succès, Cobain est mort en 1994, alors que Nirvana était déjà reconnu comme un groupe culte du mouvement grunge de Seattle.

Pascal a dit...

@Homo-erectus: vous ne semblez pas avoir compris le propos du post. Le problème, ce n'est pas l'hommage, mais bien l'opportunisme des médias quand quelqu'un meurt. Le reste, salami etc., c'est seulement du style que j'essayais de mettre. ET non, je ne suis pas cuisinier.

Le Voyou du Bayou a dit...

Olivier: Si tu me relis en ouvrant tes yeux, tu vas voir que j'ai jamais écrit que l'album Nevermind était pas un succès. J'ai juste mentionné que suite au suicide de Cobain, tout a pris des proportions de légende.

NPD Sherbrooke a dit...

@le voyou du bayou...
Mes yeux étaient bien ouverts quand j'ai lu ton commentaire et il reste quand même que le premier album de Nirvana a été un énorme succès dès sa sortie et non pas suite au suicide de Kurt Cobain. Mais je comprends ton propos et c'est vrai que le suicide de Cobain a été très médiatisé et a sûrement donné un souffle aux ventes d'albums, reste qu'il était déjà reconnu comme un pionnier bien avant son suicide et ce n'est pas cela qui a fait explosé le groupe dans les palmarès.